Pour le CESER, ces incendies catastrophiques appellent un renforcement des mesures de surveillance, de prévention et de lutte.
Depuis maintenant plus d’une semaine, des incendies devenus difficilement contrôlables ravagent toute une partie du territoire girondin, à proximité du bassin d’Arcachon et dans le sud du département. Grâce à la mobilisation et à la lutte remarquables des sapeurs-pompiers (professionnels et bénévoles), de la défense des forêts contre les incendies (DFCI), de la sécurité civile et de l’ensemble des autorités, aucun décès n’est à déplorer et les dégâts matériels restent relativement limités. Cependant, les conséquences écologiques, économiques, sociales et patrimoniales de ces événements, difficiles encore à évaluer, seront sans doute considérables :
- Sur le plan écologique, plus de 20 000 ha du massif forestier ont été anéantis, dont plusieurs zones naturelles d’intérêt ; cela représente une perte d’habitats naturels et de couvert végétal dont l’importance n’est plus à souligner dans la lutte contre l’effet de serre et le réchauffement climatique.
- Sur le plan social et humain les conséquences de ces incendies sont également lourdes, que ce soit pour les populations les plus directement concernées, qui pour certaines ont perdu tout ou partie de leurs biens ou qui ont été contraintes d’évacuer leur lieu de vie pour une durée encore indéfinie ou que ce soit au niveau des emplois au sein des entreprises et activités affectées ou sinistrées.
- Sur le plan économique en effet, les pertes directes sont déjà perceptibles pour les propriétaires forestiers et la filière bois, pour certains acteurs de la filière touristique en plein cœur de la saison (dont plusieurs établissements d’hôtellerie de plein air détruits par l’incendie de La Teste, mais aussi divers prestataires touristiques contraints d’interrompre leur activité), sans oublier les agriculteurs/éleveurs et certaines entreprises installées dans le périmètre des évacuations. Les conséquences indirectes sont à ce stade impossibles à déterminer mais on peut d’ores et déjà anticiper un impact significatif sur une partie du tourisme littoral girondin au moins tout au long de cette saison, en raison de l’effet dissuasif de cette catastrophe sur l’opinion des clientèles touristiques. Enfin, il faudra certainement de longues années pour reconstituer cette partie du massif forestier, dans des conditions qui restent à redéfinir.
- Sur le plan patrimonial enfin, car une partie des espaces forestiers brûlés dans l’incendie de La Teste, à savoir la forêt dite usagère de cette commune, constituait depuis des siècles un élément important du patrimoine local. De plus, cette même forêt participait à l’attractivité de la Dune du Pyla, outre son rôle de protection contre le phénomène d’érosion côtière.
Le déclenchement, accidentel ou intentionnel, et la propagation de ces incendies ont largement été favorisés par des conditions climatiques extrêmes (sécheresse, température, hygrométrie et vent) et témoignent de l’accentuation des effets du réchauffement climatique.
Ces événements et ce contexte amènent le CESER Nouvelle-Aquitaine à rappeler les conclusions d’un rapport établi il y a tout juste 10 ans en ex-Aquitaine, alors qu’un incendie avait cette même année détruit 650 ha de forêt à Lacanau. Ce rapport consacré aux risques naturels en région[1] soulignait notamment :
>> L’exposition aggravée du massif forestier landais au risque incendie, en lien avec le réchauffement climatique ; les prévisions alors établies par Météo France désignaient très clairement cette partie du massif comme l’une des plus exposées, à ceci près que l’accélération de ce réchauffement constatée depuis lors a encore plus accentué ce risque.
>> La nécessité dans cette perspective :
- de renforcer les dispositifs de vigilance et d’alerte, par le développement du système de vidéo-vigilance et moyens aériens de type drones.
- de développer la formation des acteurs pour mieux prévenir et gérer les risques (avec création en région d’un centre de formation continue appliquée aux métiers de la prévention et de la lutte contre les incendies forestiers, de dimension nationale sinon européenne).
- de renforcer la sensibilisation des populations pour mieux préparer aux risques naturels (incluant les programmes des chaînes TV soutenues par le Conseil régional)
- d’étendre à l’échelle intercommunale la mise en œuvre des dispositifs de prévention et de gestion de ces risques.
- de renforcer les capacités de réponse pour réduire la vulnérabilité des territoires les plus exposés, y compris en facilitant l’adaptation de certaines règles d’urbanisme (exemple : obligation de pistes périmétrales pour les projets de lotissements ou d’habitat dans les communes concernées par un risque d’incendie de forêt).
- de renforcer les moyens de lutte aérienne contre les incendies de forêt, par l’implantation d’une force d’intervention permanente sur le territoire régional (en rappelant ici que le territoire de Nouvelle-Aquitaine est aussi étendu qu’un pays tel que l’Autriche et dispose de la plus vaste surface forestière de France, soit 2,8 millions d’hectares).
Face à ces nouveaux événements dramatiques par leur ampleur et par leurs conséquences, le CESER réitère donc ces préconisations, tout en insistant sur les risques d’une récurrence accrue de tels incendies pour l’ensemble des massifs forestiers à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine.
Il exprime enfin son plus profond soutien et la solidarité de toutes ses composantes à l’adresse des « soldats du feu » engagés nuits et jours, des populations, des entreprises et des collectivités durement touchées par ce sinistre.
[1] « L’Aquitaine face aux risques naturels : mieux connaître et prévenir pour ne pas subir », CESER Aquitaine, octobre 2012